CHAPITRE XIII

Dressés sur leurs pattes, tapis entre les arbres, les fougères, les buissons, les rochers, les fauves grondaient en sourdine. Pétrifiée, Mangrelle ne parvenait pas à détacher son regard de dame Ablaine. Le contraste était saisissant entre sa jeunesse, sa beauté, sa blondeur angélique et la force maléfique qui émanait d’elle. Ses yeux clairs étaient des blocs d’énergie haineuse. Un sourire démoniaque étirait ses lèvres pâles. Sa robe était aussi blanche que son âme paraissait noire.

Submergé par une terreur venue du fond des âges, Galvain ne songeait plus à achever le hors-monde, à violenter Mangrelle ni à rétablir l’hégémonie paysanne. Son pénis épais et noueux, qui s’était pratiquement tendu toute la journée, se recroquevillait piteusement dans le buisson de son pubis. Les seuls animaux pour lesquels il n’éprouvait ni aversion ni mépris étaient les chemalles de trait, ces auxiliaires précieux de la fertilisation de la terre. Les lupus n’étaient pas seulement inutiles, indomptables, mais féroces.

— Les arbres guérisseurs sont à moi ! déclara Abeline. Ils mourront avec moi. Je ne laisserai aucune trace de mon passage sur Kélonia…

Elle avait la voix chevrotante d’un vieillard.

Le Vioter tenta de se relever, mais la douleur le cloua au sol. Les lupus étaient tellement nombreux, une centaine au minimum, qu’ils n’avaient aucune chance de leur échapper. Il refusa pourtant d’accepter l’inéluctable. Il lui sembla percevoir une vibration subtile, mélodieuse, un chant d’amour et d’espoir, une harmonique de pensées, un lien fragile et ténu, une conversation entre deux âmes que ni la distance ni le temps ne pouvait séparer. Dans sa lointaine prison de Déviel, Saphyr pressentait qu’il courait un grave danger et elle traversait l’espace pour le réchauffer de son amour, pour lui redonner courage. Il sut alors que Mangrelle détenait la clé d’une porte invisible, secrète. Il fallait seulement qu’elle cesse de se déprécier et prenne conscience de ses immenses possibilités. Elle se tenait debout face à la meute, nue, sans défense, comme offerte à ses bourreaux. L’épouvante déformait ses traits. Quelques gouttes d’eau parsemaient sa peau blanche émerisée.

Incapable de maîtriser sa terreur, Galvain lâcha son bouclier, sa francisque, enjamba un rocher, traversa la mare et détala vers le couvert.

— Tlir, à toi ! glapit Abeline.

Le mâle dominant ne se le fit pas dire deux fois. Il sauta par-dessus le buisson aux fruits rouges, fondit sur le fuyard en deux bonds prodigieux et lui sectionna les tendons du genou d’un coup de dents rapide et précis. Le paysan s’effondra sur la mousse et heurta violemment une arête rocheuse. À demi étourdi, il se protégea instinctivement le visage de ses bras, mais le museau du fauve les écarta sans difficulté et se glissa sous son menton.

Un gargouillis sinistre domina le bruissement de la cascade. Les puissantes mâchoires broyèrent le larynx de Galvain, dont les jambes écartelées furent agitées par une série de spasmes. Surexcités par l’odeur et la vue du sang, les autres membres de la horde poussaient maintenant des hurlements assourdissants. Tlir préleva sa part du butin, son morceau de prédilection. Ses canines incisèrent l’abdomen de sa proie et arrachèrent le foie. Puis, le museau marbré de sang, il s’allongea à l’écart pour achever tranquillement son repas. Ses sujets se ruèrent sur le cadavre pour la curée. Il ne leur fallut que deux minutes pour le dépecer entièrement. Ils ne laissèrent rien, pas même les os, que leurs crocs broyaient comme du bois sec. Les plus faibles se battirent pour récupérer quelques miettes du festin, des morceaux de viscères, des bouts de cartilage… Du sieur Galvain, il ne resta bientôt plus qu’une tache de sang absorbée par la mousse et quelques poignées éparses de cheveux.

Horrifiée, Mangrelle se pencha sur le côté pour vomir.

— Vous aviez faim, mes tout beaux ! fredonna Abeline. Votre banquet ne fait que commencer…

La bouche et le menton maculés de bile, Mangrelle se recula et s’accroupit près de Rohel, allongé sur son lit de fougères. Il huma son odeur exaltée par la peur et la transpiration. Ses grands yeux noirs étaient d’insondables gouffres de tristesse.

— Pardon… pardon, balbutia-t-elle. À cause de moi, tu ne retrouveras jamais celle qui t’aime et t’attend. Et les humanités s’enfonceront dans l’âge des ténèbres. Tout ce que je touche est condamné à mourir. Mon mari Joséphain, mes deux premiers fils, toi… Je suis née pour la mort.

Dominant sa souffrance, Le Vioter se redressa sur un coude et posa la main sur l’épaule de la Kélonienne.

— Si la mort te suit, c’est qu’elle a peur de toi. Peur de ton pouvoir. L’heure est venue d’ouvrir ta porte de vie, Mangrelle.

— Comment ? Comment ? Ces choses-là m’échappent !

Elle avait craché ces mots avec colère.

— Ne t’oppose pas aux lupus. (Il se rendait compte que chacune de ses paroles lui était soufflée par Saphyr.) Oublie ta peur : elle te rétrécit. Aime-les comme tes propres enfants.

Mangrelle ressentait encore le besoin de se défendre d’elle-même.

— Pourquoi moi ? Pourquoi pas toi ?

— Parce que tu es un puits de renaissance et que tu as en toi la puissance de la femme. Tu es un pont jeté entre les cieux et les terres. Je ne suis qu’un homme, un déraciné, le bras armé de forces qui dépassent notre entendement.

De plus en plus proches, de plus en plus menaçants, les lupus se dressaient de nouveau sur leurs pattes. Le poil hérissé, ils guettaient un ordre de leur maîtresse pour se jeter sur ces deux humains promis à leur appétit. Le mâle dominant avait repris sa place auprès d’Abeline. Il léchait les quelques gouttes de sang qui glissaient sur son poil noir et luisant.

L’exilée du réseau-Temps n’était pas pressée. Elle était de nouveau une prêtresse de la vie et de la mort, une déesse. Elle jouissait de son sentiment de puissance, comme autrefois, comme lorsqu’elle voguait, libre et fière, sur les grands fleuves du Temps.

Mangrelle déposa un baiser sur les lèvres de Rohel, se détacha doucement de lui, se releva, se rendit au centre de la clairière et écarta les bras.

— Ces deux idiots sont à vous ! cria Abeline qui percevait une vague menace dans l’attitude de la Kélonienne.

Tlir en tête, les fauves bondirent tous en même temps vers Mangrelle. Cependant, au lieu de renverser leur proie comme ils en avaient l’habitude, ils se mirent à tourner autour d’elle sans se préoccuper de Rohel, la queue basse, libérant des gémissements de reconnaissance et de soumission. Ils gravitaient autour de la lépreuse comme des planètes en orbite autour d’un soleil.

— Tlir ! Attaque ! rugit Abeline.

La peur avait définitivement déserté Mangrelle. Un voile s’était déchiré en elle. Elle avait cessé de résister, de lutter. Elle avait abandonné tout jugement, s’était dépouillée de sa culpabilité de femme et de mère. Elle comprenait que la lèpre de Thulla n’était que l’énoncé de sa propre sentence, de son propre mépris, elle se pardonnait enfin, s’acceptait telle qu’elle était, comme un être qui n’avait pas encore exploité son gisement d’amour. Elle ne voyait plus les lupus comme des adversaires, comme des bêtes féroces, mais comme des prolongements d’elle-même. Elle avait l’impression de grandir, de toucher le ciel, d’englober en elle les lupus, dame Ablaine, Rohel, la forêt du Passé, la plaine, la ville d’Iskra, la planète tout entière, l’espace infini… Les fauves ne pouvaient lui faire de mal, ils vivaient à l’intérieur d’elle-même, ils étaient ses hôtes, ses enfants… Les larmes qui coulaient sur ses joues n’étaient plus les gouttes du sang de son âme, mais les manifestations pures, cristallines d’une joie profonde.

Tlir brisa le cercle, s’approcha lentement de Mangrelle et, avec une douceur et un respect infinis, lui lécha la paume de la main.

— Tuez-la ! Tuez-la ! siffla Abeline.

Mais déjà elle savait qu’elle avait perdu l’affection des seules créatures qui lui eussent apporté un peu de réconfort, un peu de chaleur dans son exil sans fin. Combien en avait-elle vus naître et mourir ? Combien de mâles dominants, de confidents, avait-elle connus ? Cent ? Deux cents ? Elle leur avait donné un nom à chacun. Comme les feuilles des arbres, comme les herbes, comme les fruits sauvages, ils avaient instinctivement respecté le mystérieux équilibre qui régissait les mondes chronologiques. Ils avaient perpétué et renforcé leur race, s’effaçant de la surface de Kélonia lorsque les jeunes prenaient leur place au sein de la horde. À leur manière, ils avaient témoigné d’une sagesse qui avait fait cruellement défaut à l’exilée.

Accablée, Abeline avisa une épée de pierre noire posée contre un rocher. Elle s’en saisit, la leva et fendit les rangs serrés des lupus. Accaparés par l’acte de soumission à leur nouvelle maîtresse, ils ne lui prêtèrent aucune attention.

— Mangrelle, attention ! hurla Le Vioter.

Abeline n’eut pas le temps d’abattre l’épée. Alerté par la voix de Rohel, Tlir lui sauta à la gorge et, de ses pattes antérieures, la renversa sur la mousse.

— Tlir ! Non ! gémit Abeline. Je suis ta…

Sa voix s’étrangla. Sa robe blanche et sa chevelure dorée disparurent entièrement sous les masses noires et ondulantes des fauves.

*

Guidés par Tlir, Mangrelle et Le Vioter atteignirent l’orée du cimetière des arbres pétrifiés à la tombée de la nuit. Le Vioter grimaça : la Kélonienne avait lavé ses plaies – elle n’avait pas utilisé la « médecine des pauvres », mais seulement l’eau fraîche de la source – et avait noué un pansement de fortune, un pan de sa combinaison, autour de son épaule, mais, bien qu’elle l’eût soutenu durant une bonne partie du trajet, la longue marche à travers la forêt avait représenté pour lui un véritable calvaire.

Les nuages et la brume s’étaient dispersés. Les étoiles lointaines et les planètes proches du Cou de la Tortue criblaient le velours noir de la voûte céleste. Une lueur intense brillait au centre du cimetière.

— La porte du Temps ! s’exclama Mangrelle.

Ils se faufilèrent entre les arbres pétrifiés. Une épaisse couche d’humus s’enfonçait sous leur poids. Mangrelle fit le rapprochement entre ces troncs desséchés et la jeunesse éternelle de dame Ablaine. Ils étaient morts pour une illusion. Pour rien.

Une centaine de mètres plus loin, ils tombèrent sur une dizaine d’arbres auréolés d’un subtil éclat lumineux. De loin, ils évoquaient des candélabres géants coulés dans un métal scintillant. Dans sa folie, Ablaine ne les avait pas tous tués.

— Les arbres guérisseurs, murmura Mangrelle.

Elle était arrivée au terme de son voyage et une émotion intense l’étreignait.

— Déshabille-toi, dit-elle à Rohel. Ils peuvent te guérir de tes blessures.

— Tu es malade depuis trop longtemps, répondit-il. C’est toi qu’ils attendent !

Elle hocha la tête, retira ses chaussures, déboutonna sa combinaison, la fit glisser sur son corps et s’approcha d’un tronc brillant. Tlir et sa horde étaient restés à l’écart, comme s’ils avaient compris la nécessité de laisser leur nouvelle maîtresse seule face à son ultime épreuve.

Mangrelle enlaça le tronc. Sa poitrine, son ventre, ses cuisses s’écrasèrent sur la rugueuse écorce. Instantanément, elle fut happée par un puissant courant d’énergie, elle échappa aux lois de l’espace et du temps, plongea dans un indicible ailleurs. Des torrents de lave brûlante se répandirent dans ses veines, dans ses organes, dans ses muscles. Des images se succédèrent à un rythme effréné dans son esprit. Une petite fille courait dans les rues du village de Palandare… entendait la voix grave de son père qui grondait un journalier négligent… croquait un fruit rond et juteux… sentait la caresse de l’air tiède sur sa peau nue…

En elle se déroulait un combat violent, confus, comme si les anges et les démons avaient transformé son corps en champ de bataille. Elle aperçut le visage d’Yvain… Yvain… Mon Dieu, comme il avait grandi… C’était un homme maintenant… Il lui souriait, il semblait heureux… Elle se nourrissait de l’arbre, et l’arbre se nourrissait d’elle. C’était un baiser, une fusion amoureuse et sensuelle.

Subitement, tout s’interrompit.

Elle se recula, chancelante, étourdie. L’arbre n’avait pas cessé de briller. Elle avait l’impression, au contraire, qu’il rayonnait d’un éclat plus vif qu’avant l’échange, plus vif en tout cas que celui de ses neuf congénères. La brise jouait dans ses ramilles et ses feuilles devenues translucides, coruscantes.

Mangrelle se sentait merveilleusement détendue. Une vigueur nouvelle imprégnait chacune de ses cellules.

Souriante, elle se retourna vers Rohel.

Sa beauté le stupéfia. Elle avait rajeuni de dix ans. Sa peau avait recouvré la texture lisse et soyeuse d’une femme de vingt ans. Ses lépromes avaient disparu.

Sans dire un mot, elle l’aida à retirer ses chaussures, sa combinaison, et l’entraîna vers l’arbre. Comme elle, il entoura le tronc de ses bras et s’abandonna corps et âme à l’ivresse de la régénération. Comme elle, il vogua pendant une durée qu’il aurait été incapable d’évaluer sur des courants d’énergie qui l’emportèrent loin de Kélonia, sur un monde où se mêlaient étroitement les souvenirs du passé, les préoccupations du présent et les images du futur… Une épée de lumière gisait dans une grotte obscure et humide… Il déambulait dans les larges avenues de la cité de cristal d’Antiter… Il plongeait dans les yeux d’aigue-marine de Saphyr…

Lorsque s’acheva le transfert, il ne restait rien de sa blessure, pas même une cicatrice. En revanche, contrairement à ce qui s’était passé pour Mangrelle, l’éclat lumineux de l’arbre avait diminué d’une manière sensible. Il n’était qu’un homme, un être coupé de ses racines, il n’avait pas le pouvoir de donner la vie.

— Nous sommes arrivés au bout de notre route, murmura Mangrelle. La porte du Temps.

Il y avait de la nostalgie dans ses yeux et dans sa voix, cette même nostalgie qui préludait aux séparations des êtres chers.

— Maman ! fit une voix grave.

Ils contournèrent les arbres guérisseurs, traversèrent le cimetière et se dirigèrent vers une immense faille verticale d’où s’écoulait un flot de lumière blanche. Posée sur le vide, la porte temporelle donnait sur un univers inconnu, mystérieux. Deux visages se découpaient sur le fond de clarté.

Ils reconnurent immédiatement la chevelure noire et les yeux diamantins de la pythonisse. L’autre était un homme jeune, beau, dont les traits vaguement familiers rappelèrent quelqu’un à Mangrelle. Les lèvres de l’homme s’agitèrent et le son de sa voix leur parvint avec quelques secondes de décalage.

— Tu ne me reconnais pas ?

Yvain… Le cœur de Mangrelle s’accéléra. Elle l’avait aperçu dans sa forme actuelle lors de son union avec l’arbre guérisseur.

— Tu as réussi, maman. Je t’ai parfois jugée sévèrement, mais aujourd’hui je suis fier de toi.

Elle avait quitté un garçon de onze ans quelques jours plus tôt, elle se retrouvait tout à coup face à un homme. Il paraissait beaucoup plus jeune qu’avant, comme si la grâce de l’enfance s’était enfin posée sur lui. Son visage avait perdu cet aspect renfrogné qui le faisait ressembler à un vieillard ratatiné. Bouleversée, Mangrelle fut incapable de prononcer la moindre parole.

— Je suis heureux dans le réseau-Temps, maman.

Maman, un mot qu’il n’avait jamais aimé – ou osé – prononcer…

— Ton fils est très doué, intervint la pythonisse avec un sourire radieux. Il progresse à une vitesse étonnante. Il part bientôt pour sa première mission.

— J’ai choisi ma forme définitive. C’est ainsi que j’apparaîtrai aux êtres humains ou mutants dont je guiderai l’évolution. Est-ce qu’elle te plaît, maman ?

Mangrelle se contint pour ne pas libérer ses larmes et hocha lentement la tête.

— Tu as franchi tous les obstacles qui se dressaient sur la route de ton futur souhaitable, Mangrelle de Palandare. Tu as vaincu le plus redoutable de tes adversaires : toi-même. Il ne te reste plus qu’à parachever ton œuvre. Quant à toi, Rohel Le Vioter, tu es l’invité du réseau-Temps. Tu seras l’un des très rares humains à nous rendre visite. Notre mission prend fin. Lorsque tu auras franchi le seuil de cette porte, nous la refermerons pour une durée indéterminée. De l’autre côté coule un grand fleuve du Temps. Les fluviales viendront te chercher et te transporter jusqu’à sa source. Suis très précisément leurs instructions : la moindre erreur, le moindre faux pas t’entraîneraient à ta perte. Adieu.

— Ne te fais pas de soucis pour moi, maman, ajouta Yvain. Des abîmes nous séparent, mais je t’aime pour l’éternité.

Il lui adressa un ultime sourire.

— Yvain, chuchota Mangrelle.

C’est à peine si elle se rendit compte que Rohel lui embrassait tendrement la main, s’éloignait d’elle, franchissait le seuil de la porte temporelle, disparaissait dans le flot de clarté.

La lumière décrut brutalement, la faille se referma sur elle-même, comme aspirée de l’intérieur. Les ténèbres ensevelirent la forêt. Seuls brillaient la clarté diffuse des arbres guérisseurs et les yeux flamboyants des lupus.

*

Le lendemain matin, Mangrelle Verprez, la paysanne de Palandare, fit une apparition remarquée dans la plaine. Bien qu’effrayés par la horde de lupus qui l’escortait, les membres de la fraternité de l’archange l’accueillirent avec des cris de joie.

— Les arbres l’ont guérie ! Mangrelle, notre mère !

Les lépreux se battirent pour la toucher, comme si ce simple contact avec sa peau miraculeusement lisse avait le pouvoir de les délivrer spontanément de leur propre maladie.

Brigiel, Jühl Froll et quelques capitaines sortirent précipitamment du vaisseau et les écartèrent à coups d’épaule et de poing pour les empêcher de l’étouffer.

Quelques heures plus tard, la décision fut prise de fonder une nouvelle cité à l’orée de la forêt du Passé. Des oiseaux-brume, expédiés depuis Iskra, avaient appris aux sectateurs de l’Acier qu’une émeute avait éclaté dans les rues de la capitale des plaines, que le dôme néopur avait été pris d’assaut et que les quatre séraphins avaient été crucifiés sur les remparts. L’ambassade avait été dépêchée par les insurgés, qui atteindrait la forêt dans deux jours.

— Et l’archange ? Qu’est-il devenu ? demanda Jühl Froll.

— Il est parti sur un autre monde, répondit Mangrelle.

— Comment appellerons-nous la nouvelle cité ?

— Le Vioter, dit-elle après un long moment de silence.

Elle souriait, mais Jühl Froll, le commandant de la flotte kélonienne, remarqua les sombres éclairs de tristesse qui dansaient dans ses merveilleux yeux noirs.

Cycle de Lucifal
titlepage.xhtml
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_063.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_064.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_065.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_066.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_067.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_068.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_069.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_070.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_071.html
Bordage,Pierre-[Rohel-2]Cycle de Lucifal(2000).French.ebook.AlexandriZ_split_072.html